Ecotrail de Paris – 22 Mars 2025

L’Ecotrail de Paris était inscrit depuis longtemps sur mes tablettes, pour trois raisons principales :

  • un compromis distance / dénivelé / technicité idéal à cette période de l’année pour préparer des courses en montagne estivales
  • une logistique pas trop complexe (Bruxelles – Paris se fait en 1h15 de Thalys)
  • et le fait que j’ai longtemps habité à Saint-Quentin-en-Yvelines (de 1997 à 2003), lieu de départ de la course.

J’ai même foulé les sentiers du début du parcours, à une époque où je prenais chaque printemps la résolution de me (re)mettre à la course à pied avant d’abandonner au bout de quelques week-ends. A ma décharge, j’étais plus « vélo » à cette période de ma vie et je sillonnais les routes escarpées de la vallée de Chevreuse, mon fantasme étant alors de courir la Marmotte (un 160 km, comme l’UTMB). Amusant : je fais maintenant plus de kilomètres en course à pied que je n’en faisais à l’époque en vélo. 🙂

J’ai eu le plaisir de recourir avec le compagnon de mes débuts – mon (petit) frère – celui à cause de qui toute mon histoire de coureur a commencé en 2010. Nous n’avions plus couru ensemble depuis une mythique SaintéLyon, le jour de mes 50 ans, il y a déjà plus de 6 ans. Il y a d’ailleurs quelques ressemblances entre ces deux courses comme nous allons le voir.

L’avant-course

2025 est ma pire année en terme d’entrainement depuis 2015 (!). Je suis arrivé sur la course avec seulement 410 km dans les jambes alors que je suis en principe 300 à 400 km au dessus à la même période de l’année. Depuis le mois d’octobre, j’ai environ diminué par deux ma charge d’entrainement habituelle. J’ai eu du mal à me remettre du marathon d’Anvers, à la fois physiquement (blessure au tendon d’Achille et douleurs récurrentes dans la fesse, ressemblant à un début de sciatique) et moralement (l’entrainement spécifique marathon m’ayant vidé et un peu dégoûté de la course à pied).

La veille de la course, mon épouse et moi sommes allé récupérer nos dossards (celui de mon frère et le mien, mon épouse refusant obstinément de courir) au centre sportif Emile Anthoine. Environ 1 heure d’attente pour récupérer les dossards avec une queue qui  serpente le long de la piste et dans la rue et un village un peu tristounet. Pourquoi ne pas permettre de récupérer les dossards le matin de la course sur le lieu de départ ? Il y a beaucoup de gens qui travaillent le vendredi et n’ont pas le temps d’aller chercher leur dossard. Avec un départ prévu à 11h00, il y a largement le temps le matin même.

Nous avons ensuite baguenaudé environ 15 km dans les rues de Paris en bons touristes. Le soir, je me suis tapé une andouillette arrosée d’un quart de Brouilly (!) dans l’un de mes restaurants favoris : Au Pied de Cochon. Pas top comme préparation mais, perdu pour perdu, j’avais décidé de prendre la course à la cool.

Au niveau logistique, nous sommes descendu à l’hôtel Amélie, à 15-20 mn à pied de l’arrivée. Spartiate, chambre minuscule, mais bien situé et prix « raisonnable » (suivant les critères parisiens).

Le matin de la course, j’ai pris le RER C à la station Invalides (15 mn à pied là encore). A cette heure matinale (train SARA de 9h08) la rame était remplie de coureurs de l’Ecotrail avec l’ambiance habituelle des avant-courses : les taiseux qui vérifient 10 fois de suite leur matériel, les expansifs qui rient haut et fort pour évacuer leur stress, les vieux briscards qui regardent d’un air amusé voire un peu méprisant les précédents et les pensifs dans leur bulle.

L’arrivée sur les lieux de la course a été chaotique. J’avais pris mes marges avec le RER mais j’ai dû attendre 50 mn la navette à la gare de Saint-Quentin-en-Yvelines. J’aurais eu largement le temps de rejoindre le départ à pied, sans doute pas plus mal que de rester debout à piétiner (sur la photo, les navettes se prennent dans mon dos, à droite, la file fait donc un grand tour sur le quai).

Quant à mon frère qui habite en lointaine banlieue Ouest, il m’a rejoint sur place en voiture avec sa petite famille. A cause des bouchons à proximité du départ, il est arrivé quasiment au dernier moment.

Le matériel

Parlant de prendre la course à la cool, je dois avouer que j’ai sous-estimé  la difficulté de l’épreuve et j’ai commis deux erreurs grossières de matériel, erreurs qui vont me pénaliser lourdement par la suite.

Première erreur, comme il n’avait pas plu les jours précédents et que mon frère (qui l’avait déjà couru il y a quelques années) et la Websphère qualifiaient les sentiers de « roulants », je suis parti avec des chaussures de route, celles utilisées lors du marathon d’Anvers, les New Balance Fuell Cell Rebel 4. J’ai hésité jusqu’au dernier moment à prendre mes Hoka Speedgoat 5 mais elles me serraient un peu trop le cou de pied suite à un changement récent de semelles orthopédiques. Résultat en partant avec des chaussures totalement lisses : j’ai galéré, en ayant souvent l’impression de faire du patinage artistique au lieu de courir, sans compter quelques lourdes chutes.

Seconde erreur,  je n’ai pas pris ma frontale habituelle (une Petzl Nao). Elle est un peu lourde et je pensais ne pas en avoir vraiment besoin, qu’il y aurait suffisamment de lumière urbaine pour me contenter d’une frontale Décathlon de base, beaucoup plus légère. Si elle éclaire parfaitement dans mon garage, elle s’est révélée totalement insuffisante dans les sombres forêts parisiennes, m’obligeant de courir à côté de mon frère pour y voir quelque chose.

En résumé : du grand n’importe quoi. 4 mois après la course, je me demande toujours pourquoi j’ai été aussi stupide.

La course

Ecotrail Paris 2025  GPX

50 100 150 200 5 10 15 Distance (km) (m)
Aucune donnée d’altitude
Nom: Aucune donnée
Distance: Aucune donnée
Altitude min.: Aucune donnée
Altitude max.: Aucune donnée
Dénivelé positif: Aucune donnée
Dénivelé négatif: Aucune donnée
Durée: Aucune donnée

Ile de Loisirs SQY – Buc Château / 24,4 km – 246 m D+

Nous partons à 11h55, dans les derniers du peloton. Il fait beau et doux mais des orages sont annoncés en fin d’après-midi.

Les premiers hectomètres de la course se déroulent sur un mélange mi-herbe, mi-boue malaxée par les centaines de coureurs nous précédant et je patine, l’une de mes jambes essayant régulièrement de prendre la tangente, peut-être pour rentrer plus tôt à l’hôtel. Je pressens que les adducteurs seront douloureux dans les jours suivants la course (ce qui mystérieusement ne sera pas le cas) et je regrette déjà mon choix de chaussures. Trop tard… Heureusement nous rejoignons rapidement un sentier moins boueux et je n’ai plus trop de problèmes d’adhérence jusqu’au premier ravitaillement de Buc Château.

Nous faisons le tour du lac, en passant proche du golf de Saint-Quentin-en-Yvelines (un des deux), puis à l’intérieur du vélodrome (que nous avons bien sali, une pensée émue pour celles et ceux qui ont dû nettoyer après le passage des coureurs).

J’enclenche alors la machine à souvenirs : nous repassons devant mon ancien logement à Guyancourt, dans le parc où j’ai appris à mon épouse à faire du vélo, le long des étangs de la Minière où nous avons pris nos photos de mariage. Le terrain est plutôt sec, sauf dans les bois de Satory où nous rencontrons un peu de boue.

Nous doublons beaucoup de concurrents et mon frère me demande de me calmer. Le problème sur les mono-traces est que vous faites des petites accélérations permanentes pour doubler des concurrents et c’est particulièrement pénible pour celui qui vous suit. Quand mon frère est devant moi, je le maudis à mon tour pour ses accélérations incessantes. Au final, ce premier tronçon peu vallonné se passe plutôt bien et nous nous arrêtons à peine au ravitaillement.

Buc Château – Meudon St-Philippe / 21,8 km – 485 m D+

Nous entrons dans une partie un peu plus vallonnée du parcours avec une succession de petites côtes assez raides jusqu’au 45ème km environ. Au bout de 2 km, nous prenons un (premier) orage de grêle qui, même s’il ne dure que quelques minutes, nous laisse complètement trempés. Si je connaissais déjà une grande partie du précédent tronçon, je rentre dans des territoires inconnus. Étonnant de courir en pleine nature alors que nous ne sommes qu’à quelques centaines de mètres à vol d’oiseau de l’A86. Nous la traversons d’ailleurs un peu plus loin (sur un pont :-)) pour rejoindre les bois autour de Vélizy.

Les premières descentes très boueuses m’ont ôté toute illusion sur la pertinence de mon choix de chaussures. Malgré de grands numéros d’équilibriste, je finis plusieurs fois sur les fesses. Pire que la fameuse SaintéLyon de 2018. Quel con je suis !

Nous passons par dessus la N118 pour entrer dans les bois de Meudon. Juste avant d’arriver au deuxième ravitaillement sur la terrasse de l’Orphelinat St-Philippe nous prenons un orage monumental, la foudre ne tombant pas très loin d’après mes calculs scientifiques (oui, j’ai encore conservé la majeure partie de mes facultés intellectuelles).

A partir de cet instant et quasiment jusqu’à la fin je serai trempé, boueux suite à plusieurs chutes mais heureusement je suis avec mon frère et je reste philosophe.

Meudon St-Philippe – Chaville Parc de la Mare Adam / 12,2 km – 219 m D+

Des chemins forestiers sous la pluie, de la boue, des lacs et trois curiosités architecturales : le monumental Hangar Y que je ne connaissais pas (et qui mérite une visite la prochaine fois), le célèbre observatoire astronomique de Paris (à Meudon) et le mémorial de  l’escadrille Lafayette qui n’a rien à voir avec l’aide apportée aux insurgés américains contrairement à ce qu’indique le roadbook de l’organisation.

Même si la pluie s’est enfin calmée, les Dieux qui ont décidé de me faire payer ma stupidité m’envoient alors une seconde Plaie : la NUIT. Et là je découvre que ma frontale ne m’éclaire pas du tout et je suis obligé de rester à 50 cm de mon frère si je veux voir où je mets les pieds. Pas trop difficile quand c’est plat, mais beaucoup plus ch… dans les descentes. Je nous fais perdre beaucoup de temps.

La ravitaillement de Chaville est d’ailleurs assez comique : il est situé au sommet d’une petite butte et, même en restant immobile, je glisse inexorablement, allant jusqu’à entraîner mon frère dans ma chute. Un bénévole plein d’humour nous qualifie de Dupond et Dupont. 🙂

Chaville Parc de la Mare Adam – Manufacture de Sèvres / 15 km – 312 m D+

Il fait nuit, on ne voit pas grand chose mais il n’y a plus grand chose à voir non plus pour être honnête. On aperçoit les lumières de la ville se rapprocher, ça sent l’écurie. Je me prends une dernière grosse gamelle et ma tête frappe violemment le sol. Je reste étourdi un moment, le souffle coupé. Heureusement qu’il n’y avait pas de pierres à l’endroit où je suis tombé. Arrivé au ravitaillement, je me nettoie autant que possible pour être présentable à mon entrée dans Paris.

Une mauvaise nouvelle est tombée par SMS : le 1er étage de la Tour Eiffel est fermé et l’arrivée sera jugée au pied (elle sera en fait jugée plus tôt, sur l’île aux Cygnes). Et là commence LA polémique de cet Ecotrail : fallait-il ou non dédommager les coureurs ? Comme beaucoup d’autres (la majorité ?), mon frère pense que oui en disant qu’il a payé pour monter au 1er étage et que c’était sa principale motivation pour s’inscrire; je suis personnellement plus tolérant, me disant que cela peut arriver. Au final la solution proposée par l’organisation avec une pré-inscription préférentielle (mais au même prix que les autres) ne satisfait personne.

Manufacture de Sèvres – Tour Eiffel / 7,5 km – 53 m D+

Pas grand chose à dire : c’est tout plat, un peu long, sans grand intérêt sauf quand on arrive à proximité de la Tour Eiffel. Mon frère râle encore parce que je vais trop vite. Il est vrai que c’est un peu inutile et qu’il veut se préserver puisqu’il va recourir (et finir !) 2 semaines plus tard un 100 km (la Diag 78), course pour laquelle je me déballonne.

Le bilan

Nous finissons en 11h35 (temps pris au pied de la Tour Eiffel), dans la fin du deuxième tiers du classement, à notre niveau habituel. Je visais un temps entre 9h30 et 10h30, je me suis bien planté mais le mauvais choix de matériel y est pour beaucoup. Physiquement j’étais bien d’un bout à l’autre de la course, je n’avais pas de courbatures le lendemain et j’ai recouru le surlendemain. Faire une heure de moins dans de bonnes conditions me semble possible. Par contre, je ne pense pas que j’aurais terminé la course si mon frère n’avait pas été là pour m’éclairer (au sens physique du terme) et me soutenir moralement quand je tombais régulièrement.

J’ai bien aimé le parcours, jamais je n’aurais imaginé trouver autant d’endroits paisibles, dans la verdure, à proximité immédiate de Paris. J’aimerais bien refaire le parcours de jour.

Je trouve par contre que l’organisation n’était pas au niveau du prix qu’elle réclame. Parmi mes griefs :

  • devoir aller chercher les dossards la veille dans le centre de Paris
  • un village départ tristounet
  • des problèmes de trafic pour arriver à la ligne de départ
  • un départ trop tardif (11h00, 9h00 pour le 80 km serait tout de même mieux ce qui permettrait de profiter un peu mieux du parcours)
  • deux premiers ravitaillements un peu trop espacés (personnellement cela ne m’a pas gêné mais je pense que certain.e.s ont dû souffrir)
  • un parcours très tortueux qui se prêtait bien à la tricherie (regardez les temps de certains coureurs entre deux ravitaillements : ou ils ont été touché par la grâce divine, ou ils ont pris des raccourcis). Quelques contrôles inopinés de plus seraient souhaitables
  • un final sans intérêt le long de la Seine (mais je reconnais qu’il doit être difficile de faire mieux).

Une partie de moi a envie de recourir l’Ecotrail par esprit de revanche, avec du bon matériel (en pantoufles ?) et en espérant une meilleure météo. Mais quand je vois le prix total (transport, hôtel, inscription), mon esprit auvergnat se rebelle et dit « plus jamais ça ». Mais maintenant que mon fils habite à Paris, je n’exclus pas de changer d’avis.

Au final, chouette course quand même et j’ai passé un bon moment avec mon frère. C’est quand même plus sympa de courir à deux. J’ai galéré, mais moins que sur la SaintéLyon (il a moins plu et il ne faisait pas froid) et beaucoup moins que la course suivante dont le compte-rendu arrive bientôt. Suspense…

Mais quand même, quel con je suis !

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