Je ne sais pas si vous connaissez la Barkley (pour être précis les « marathons de Barkley » puisqu’il y a plusieurs distances possibles) réputée être le trail le plus difficile au monde.
En quelques chiffres :
- 160 km / 18.000 m de dénivelé à courir en 60h maximum (l’UTMB fait 171 km avec 10.000 m de dénivelé et doit être couru en 46h30 maximum);
- 40 participants sélectionnés suivant un processus très mystérieux mixant capacité à contacter l’organisateur, palmarès et lettre de motivation;
- 2 points de ravitaillement, avec de l’eau uniquement;
- 1,60 $ de frais d’inscription;
- moins de 10% de finishers (seulement 15 depuis 1986).
Voici une vidéo pour vous faire une idée de la difficulté de la course :
https://www.youtube.com/watch?v=Z6qj_tpyFp0
L’édition 2017 qui a eu lieu le 4 avril dernier a été le théâtre d’un dénouement extraordinaire :
- un vainqueur (le 15ème de l’histoire) en 59h30;
- un presque-vainqueur qui a échoué à la barrière horaire à 6 secondes près !
Le vainqueur de cette année – John Kelly – avait déjà réussi 3 tours en 2015 et 4 en 2016. Bonne progression… Il est aussi un excellent coureur de triathlon. Quelques anecdotes amusantes le concernant :
- il est le recordman mondial du marathon couru en étant déguisé en personnage de jeu vidéo;
- il a établi ce record de 2h57 lors du marathon de Boston couru quelques jours après la Barkley 2016;
- jusqu’en 2013, il n’avait jamais couru plus de 10km d’affilée;
- Sur l’édition 2016, il s’est perdu et endormi sur le parcours pendant le 5ème tour. Depuis, l’organisateur de la course a nommé ce point le Upper Kelly Camp.
Il vient de publier sur son blog un article pour expliquer comment il a préparé la Barkley. Pour résumer :
- entre le 1er janvier et le 1er avril 2017 il a couru 1.600 km en 76 sorties (21 km par sortie en moyenne), accumulant un dénivelé ahurissant de 77.300 m;
- sa plus grosse sortie est de 180 km / 9.200 D+ (une autre course de malade : le Wild Oak trail).
Pour donner un élément de comparaison (sans vouloir me comparer !), sur la même période, j’ai couru 950 km en 59 sorties (16,2 km par sortie en moyenne) mais avec un dénivelé de seulement 13.000 m.
Comment fait-il ?
- Sa règle de base : courir dès que c’est possible;
- Il va ou revient de son travail en courant 4 à 6 fois par semaine (25 km, 400 m de D+);
- Il s’entraine à côté de chez lui en montant 10 fois une côte (un mur ?) de 80 m de long avec un dénivelé de 30 m (un modeste 37,5 % :-)), ce qui lui permet de faire 300 m de dénivelé avec une petite sortie de seulement 1,6 km;
- Il court aussi parfois 26 fois une côte de 800m de long pour un dénivelé de 170 m, ce qui représente au total un marathon avec un dénivelé de 4.420 m;
- Il s’entraine sur un tapis roulant incliné à 20%;
- Une fois par semaine, abdominaux, piscine et home-trainer (n’oublions pas qu’il est aussi triathlète).
Il a conçu ce plan d’entrainement pour limiter au maximum l’impact sur sa famille (il est père de 3 enfants dont des jumeaux nés il y a un an).
Même si ce gars est un extraterrestre, son plan d’entrainement m’inspire deux remarques :
- Pas de VMA, de VO2max, de FCR, de FCmax dont regorgent les revues de running. Je pense depuis longtemps que c’est une fumisterie pour le commun des mortels (sujet d’un de mes prochains articles :-));
- Accumuler le dénivelé plutôt que la distance est la clé sur les grands trails. Je dois reconnaître que mon frère me dit la même chose depuis plusieurs années. Alterner course et marche jusqu’à 100 km est à la portée de n’importe quel runner bien entrainé et la vitesse importe peu. Ce qui vous tue, ce sont les montées et les descentes.
Ce matin j’ai fait une sortie de 15km avec un dénivelé de 314 m, enchainant notamment 10 côtes de 330m … avec un dénivelé de 21 m (6,4 %). Je commence mon entrainement pour la Barkley 2099 🙂