Avec plusieurs semaines de retard, voici enfin le compte-rendu de l’Ultra-trail des Païens, le format 100K du Trail Alsace Grand Est by UTMB.
L’avant-course
Je n’arrive pas dans les meilleures conditions physiques et psychologiques à cet ultra, ma première course depuis le Grand Trail de St-Jacques (où j’avais d’ailleurs abandonné).
Physiquement, j’ai seulement 1.100 km et 17.000 D+ cumulés dans les jambes alors qu’à la même époque en 2021 et 2022 j’avais 500 km et 10.000 D+ de plus. Un peu toujours la même histoire : trop de contraintes professionnelles et personnelles m’ayant obligé à faire plusieurs petites coupures de quelques jours, une météo pas terrible (je suis un traileur qui n’est pas water-proof), des douleurs un peu partout et une certaine lassitude morale.
Quelques jours avant la course, je ressens des douleurs au tendon d’Achille gauche (mon point faible) et, un soir, je décide de me badigeonner de Baume du Tigre rouge et d’envelopper ma cheville dans une bande. Mauvaise idée : le lendemain au réveil, ma peau est complètement brûlée et je vais devoir courir avec une bande pour protéger la plaie. J’y reviendrai…
Psychologiquement, zéro motivation. Si la course avait été annulée au dernier moment j’aurais probablement haussé les épaules, voire été soulagé. Moi qui suis d’habitude le grand prêtre du tableau Excel détaillant le parcours et mes temps de passage estimés par tronçons de 50m, j’arrive en Alsace les mains dans les poches, sans même avoir pris le temps d’analyser le parcours.
La course a lieu le Samedi mais mon épouse, mon fils et moi arrivons sur place dès le Mercredi pour en repartir le Lundi matin. J’essaye toujours de concilier grandes courses et tourisme. 🙂
Nous avons réservé à l’hôtel Val-Vignes, à Saint-Hippolyte, au pied du château du Haut-Koenigsbourg (lieu du 1er ravitaillement) et à 2,5 km à pied du départ de la course.
L’hôtel est top, rien à redire : cadre enchanteur, calme, personnel très sympathique, excellent petit-déjeuner buffet, équipements au top (sauna/hammam privatisables inclus dans le prix, billard, babyfoot…). Certes c’est assez cher mais nous prenons une chambre triple et, comparé au prix de deux chambres doubles dans n’importe quel autre hôtel des environs, le prix est somme toute comparable (ils ont même des chambres quadruples, denrée rare).
Nous n’avons par contre pas testé le restaurant de l’hôtel, type « cuisine française » donc avec des quantités incompatibles avec les besoins caloriques d’un ultra. Nous avons par contre trouvé deux restaurants alsaciens, à un prix raisonnable et avec des vins agréables (oui, j’ai bu un peu avant la course, raisonnablement) que nous recommandons chaudement :
Jeudi et Vendredi, nous revisitons avec plaisir la région : Eghisheim, Kaysersberg, Riquewihr, Ribeauvillé pour ne citer que les plus importants villages.
Côté entraînement je suis au repos depuis le dimanche, je vais uniquement trottiner le Jeudi matin pour mesurer le temps nécessaire à rejoindre la ligne de départ à partir de l’hôtel (30 minutes en comptant large).
Vendredi midi je récupère mon dossard à Obernai, à la Halle Gruber. Il y a un parking à côté (le Parking des Remparts) mais la circulation est très embouteillée. Je vous conseille donc soit de vous garer Rue de Sélestat sur le trottoir (sans trop vous rapprocher du centre ville, ni dépasser le croisement de la Rue de le 1ère DFL, mais je crois que l’accès n’est pas possible le Samedi et le Dimanche de la course), soit près du Centre Aquatique (à proximité duquel l’organisation a prévu un parking de délestage). Marcher un peu ne devrait pas vous faire peur…
J’ai rendez-vous à 14h00, j’arrive à 13h45 et je suis dans les premiers :
Les organisateurs ont la bonne idée d’ouvrir en avance dès que la file commence à s’allonger et, en 2 minutes à peine, c’est plié, pas de contrôle de sac.
L’UTMB est apparemment en pleine crise financière : on nous donne le minimum minimorum. Le parcours n’est même pas imprimé sur le dossard (dommage) et le maillot commémoratif de l’épreuve est payant ! Bon, en même temps, ce sont souvent des maillots pas terribles… Quelques équipementiers classiques (Hoka, Salomon, Compressport & co) où je passe en coup de vent et une petite photo de la ligne d’arrivée, au cas où je n’ai pas l’occasion de la revoir :
Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons dans la petite ville de Barr (base vie de la course). Vue amusante sur une vitrine qui a l’air d’être celle d’un magasin de trail (le mot est « traiteur » et pas « traileur » :-)) Annonciateur de la difficulté du trail du lendemain ?
La journée se termine doucement, je suis dans un état de zénitude / indifférence rarement atteint avant un ultra. Je m’intéresse enfin au parcours, je prends en photo mon plan de marche « raisonnable » bricolé en dernière minute pour l’avoir sous les yeux pendant la course :
et j’annonce fièrement à mes fidèles admirateurs :
- arrivée avant minuit : super performance,
- entre minuit et deux heures : content, à mon niveau,
- au-delà de deux heures : déçu.
Nous allons voir… suspense…
La course
Le départ
Lever à 5h pour prendre un petit-déjeuner frugal (je n’arrive pas à manger au saut du lit depuis mon plus jeune âge) et me saturer de caféine (je me suis sevré les jours précédant la course), enfermé dans les toilettes pour ne pas réveiller ma femme et mon fils. L’hôtel n’a rien prévu pour les coureurs. En fait ils ne sont même pas au courant qu’il y a une course.
Comme prévu je rejoins en trottinant la ligne de départ (par un chemin agréable au milieu des vignes qui correspond au début du parcours). Je porte mon sac à dos avec TOUT le matériel obligatoire (je suis un petit garçon obéissant) et un sac d’allègement (paire de chaussures, maillot, cuissard, chaussettes, un peu de nourriture) que je vais laisser sur la ligne de départ pour le retrouver à la base vie de Barr. Normalement ma femme et mon fils doivent m’y retrouver, mais je préfère ne pas prendre de risques et rester autonome.
Je croise au passage une personne qui ressemble furieusement à Vincent Gaudin mais il a l’air concentré et, sans son chapeau de paille emblématique, je ne suis pas sûr de le reconnaître. Je n’ose pas le déranger. Dommage, j’aurais bien aimé papoter avec lui. Vous pouvez trouver son compte-rendu (partiel) de course ici. Il était à 2 m de moi sur la ligne de départ 🙂
Le lieu où déposer les sacs n’est pas indiqué mais une petite question à un concurrent et c’est réglé. C’est à proximité de l’arrivée des navettes (logique). Dans le sas du départ, le speaker nous casse les pieds avec ses animations à la con (la Hola, on applaudit, on se met à genoux comme des chevaliers pour les gentes dames…) qui, d’après lui, sont la « marque de fabrique UTMB« . Ben non, c’est juste pénible. Foutez nous la paix, c’est nul (le même Vincent Gaudin a d’ailleurs fait un sondage sur Twitter qui montre que la majorité des coureurs pensent comme moi :-))
Le ciel est gris, il fait frais, un peu de vent mais il ne devrait pas pleuvoir.
Étape 1 – Orschwiller – Château du Haut-Koenigsbourg / 13 km
Le parcours commence par une petite montée avant d’entrer en haut à gauche dans les vignes :
Même erreur qu’à l’Échappée Belle : je suis parti avec ma veste et au bout de 3 km, je m’arrête pour l’enlever, déjà tout en sueur. Au prochain trail c’est décidé, j’accepte de me geler un peu au départ. C’est dommage de devoir s’arrêter si tôt et de se faire dépasser par des dizaines de coureurs. Cela grimpe un peu mais sur des routes et sentiers larges, faciles. Tout va bien, à l’arrivée au château du Haut-Koenigsbourg, je suis déjà en avance de 30 mn sur mon plan de marche. Nous passons à l’intérieur de la cour du château (avec quelques bénévoles costumés) puis sur les remparts. Je ne m’arrête pas au ravitaillement.
Étape 2 – Château du Haut-Koenigsbourg – Châtenois / 7,8 km
J’attaque la descente après un petit bouchon en haut des escaliers. Des coureurs sont inquiets de constater que tout le monde n’a pas pris le même parcours au sein du château. Normal, le château a ouvert au moment de notre passage et le parcours a été aménagé en conséquence. Cool, les gars, no stress, nous sommes partis pour 108 km et nous n’en sommes qu’au 13ème…
La descente est au début un chouïa technique avec quelques pierres et racines. Je me tords le pied sur une faute d’inattention mais la douleur s’évacue rapidement. Plus de peur que de mal… Ensuite la descente est facile, plutôt sur de bonnes pistes forestières.
A la sortie des bois, nous arrivons au ravitaillement de Châtenois, je suis maintenant 45 mn en avance sur mon plan de marche. Il faut dire que les chemins sont super roulants.
Je ne m’arrête pas et reprend la course en passant sous la Tour des Sorcières qui servait au Moyen-Âge de cachot pour les personnes accusées de sorcellerie :
Je fais un signe de croix pour me protéger des mauvais sorts que leurs fantômes pourraient me jeter.
Étape 3 – Châtenois – Dambach- la-Ville / 11,2 km
Commence une partie super-extra-pénible : 4,5 km (!) de plat intégral (!!) , dont une grande partie en ville, sur du goudron (!!!). Nul. Comment les organisateurs n’ont-ils pas trouvé le moyen de nous faire remonter dans les vignes et les collines ? Quel gaspillage…
Heureusement le sentier finit par s’élever et nous allons commencer notre collection de châteaux en ruine, tout d’abord celui du Ramstein
puis celui de l’Ortenbourg :
Sympathique, je reprends goût à la course. Le parcours est toujours aussi facile. Quand nous ne montons pas ou ne descendons pas en forêt, nous baguenaudons dans les vignes :
avant de rejoindre le ravitaillement de Dambach-la-ville en passant sous la porte de Diefenthal :
J’hésite à prendre un taxi – seul(e)s les plus perspicaces d’entre vous comprendront – mais je décide courageusement de continuer et trottine jusqu’au ravitaillement. Au passage, je vois un coureur tout pimpant sortir à pleine vitesse d’une rue adjacente pour rejoindre le parcours. S’est-il perdu ? Si oui, c’est vraiment un boulet. Est-il allé faire un petit besoin ? Peut-être, mais il avait des kilomètres de bois et de vignes pour le faire avant au lieu d’aller s’épancher sur le mur d’une maison. Mystère…
Je m’arrête au ravitaillement pour faire le plein de ma poche. L’eau des jerricans étant chaude avec un mauvais goût, je fais le plein avec une bouteille d’eau gazeuse. Funeste décision… En sortie de ravitaillement, j’ai 1h10 d’avance sur mon programme.
Étape 4 – Dambach- la-Ville – Andlau / 15 km
Sorti du village, nous avons une montée sympa dans la forêt pour arriver au château du Bernstein :
Le parcours est tranquille, très roulant, dans une alternance de bois et de vignes. J’arrive à Andlau avec 1h45 d’avance. Je remplis ma poche à nouveau avec de l’eau gazeuse, je mange un peu et je repars.
Étape 5 – Andlau – Barr / 11,9 km
Nous montons rejoindre le château du Spesbourg :
Deux points marquants à cet endroit :
- le premier (et de mémoire seul) contrôle chronométrique « sauvage », en haut d’une butte au lieu d’un village dans la vallée
- l’organisation nous oblige à faire le tour de la place au pied du château (un cercle d’un rayon de 10 m ?) C’est censé être amusant, c’est juste idiot (ce qui a rendu Vincent Gaudin encore plus grognon que d’habitude dans sa vidéo) sachant qu’il n’y a pas d’animation particulière, à part un « ravitaillement » payant.
Nous passons ensuite sous le château d’Andlau
Nous redescendons enfin sur Barr où nous arrivons plus vite que je ne le pensais. Là encore, 2 km de plat sur goudron sans intérêt en périphérie du centre-ville de Barr. Ridicule, les routes ne sont même pas Barr-ées.
Je retrouve ma famille à la base vie (au collège du Torenberg) et j’en profite pour me changer et me restaurer. Je reste un bon moment (40 minutes), j’ai encore 1h30 d’avance sur mon planning en sortie de ravitaillement. A noter que le portique ne fonctionnait pas très bien : il n’a pas détecté mon entrée dans la zone de ravitaillement.
En papotant, ma femme et mon fils me disent avoir vu un coureur sortir d’une voiture et reprendre la course en sortie de ravitaillement et une coureuse partir en vélo (peut-être avait-elle abandonné ?). La suspicion monte…
Jusqu’à présent, le parcours est très facile et roulant mais un peu répétitif : un ravitaillement dans un village, on monte, un château en haut de la butte et on redescend vers le ravitaillement suivant dans un autre village. Seule point noir : quelques parties goudronnées (sortie de Châtenois, banlieue de Barr) qui auraient pu sans doute être évitées. Les affaires sérieuses vont commencer à partir de maintenant, quasiment à mi-parcours.
Étape 6 – Barr – Mont-Sainte-Odile / 8,1 km
Je pense que vous avez compris le principe : nous montons pour rejoindre le château du Landsberg que nous traversons de part en part :
En sortie, INCROYABLE, nous continuons à monter au lieu de redescendre !!! Cela va nous amener au point le plus haut de la course : la stèle du souvenir du crash du Mont Sainte- Odile. Pas de photos pour des raisons compréhensibles.
Moins compréhensible, je ne prends pas de photos du monastère du Mont Sainte-Odile où nous arrivons par un sentier très sympathique, avec de gros rochers m’évoquant la forêt de Fontainebleau. Je fais la seule chute de la journée lorsque mon bâton glisse sur une pierre. Je tombe lentement et finis par me retrouver sur le dos comme une tortue de bas étage. Heureusement seule ma fierté est un peu écornée, il y avait du monde autour.
En quittant le ravitaillement après avoir mangé un peu et rempli ma poche d’eau … gazeuse, j’ai 1h45 d’avance sur mon programme. Tout va bien, je me sens en pleine forme et je prends du plaisir à la balade.
Étape 7 – Mont-Sainte-Odile – Kligenthal / 15,5 km
Nous passons par plusieurs châteaux en ruine, les derniers (et les plus détruits) de la course :
Ce sera la dernière photo de mon périple, la nuit commence à tomber et mon Huawei P20 Lite déjà pas terrible en conditions normales ne sait plus prendre de photos dignes de publication.
Sur le chemin je croise une dame en perdition : elle n’a plus de force, ne peut rien avaler et n’a plus d’eau. Elle est partie avec un petit sac à dos riquiqui, faisant fi du matériel obligatoire, comme beaucoup d’autres coureurs… Âme charitable je lui propose tout de même de l’eau, ce qu’elle refuse. Sous mes abords sympathique, je ne peux m’empêcher de penser qu’elle n’a que ce qu’elle mérite en ayant triché avec le matériel obligatoire et je l’abandonne sans vergogne à son triste sort. Heureusement aucune coureuse n’a disparu sur le parcours, je suis donc en paix avec ma conscience.
J’arrive tranquillement au ravitaillement de Kligenthal, au bord d’un petit lac, toujours avec mes 1h45 d’avance sur mon programme. Comme la nuit tombe, je décide de bien boire (de l’eau gazeuse pour changer) et de bien manger (comme un goret) pour être prêt. Je prends aussi un gel à la caféine en prévision de la nuit :
et je vais très vite le regretter : il me retourne littéralement l’estomac et je vais me sentir très ballonné et assoiffé sur les prochains kilomètres.
Étape 8 – Kligenthal – Rosheim / 17,9 km
Nous affrontons la montée la plus sèche du parcours pour rejoindre le deuxième point culminant du parcours, le Heidenkopf. A partir de cet instant, le parcours va devenir beaucoup plus technique en descente, avec de nombreux rochers et racines.
Même si je me sens bien physiquement, je commence à en avoir moralement plein les chaussettes. Passer son temps à regarder mes pieds pour ne pas me prendre une racine ou me tordre la cheville sur un caillou est pénible. Je prends alors la décision irrévocable de ne plus courir de nuit, ce qui limitera à l’avenir mes distances à 80 km environ. Après 4 km de descente technique que je trouve interminables, nous longeons la D602 sur un sentier très très boueux pour redescendre ensuite sur Rosheim sur un large sentier caillouteux.
J’ai le ventre ballonné par toute l’eau gazeuse que j’ai bêtement ingurgitée, j’ai très soif et je n’ai plus d’eau sur les 3 derniers kilomètres. Je ne pense qu’à ça. Comme d’habitude un bénévole qui pense bien faire nous annonce « plus que 20 minutes de descente et vous êtes arrivés ! » Il me faut le double et je trottine encore raisonnablement vite. Avis solennel à tous les bénévoles : ARRÊTEZ DE NOUS PIPOTER !!! Si vous ne savez combien de temps il reste, ne dites rien; si vous le savez, multipliez par deux.
Le physique commence à lâcher, j’ai de plus en plus mal aux quadriceps et je commence à courir avec les jambes raides comme des poteaux. J’arrive à la peine au dernier ravitaillement avec tout de même toujours mes précieux 1h45 d’avance.
Étape 9 – Rosheim – Obernai / 7,8 km
Je bois beaucoup, de l’eau plate pour une fois, sans pour autant réussir à étancher ma soif. En sortant du ravitaillement, je dois descendre à reculons une volée de quelques escaliers. La suite se présente mal. J’arrive à trottiner sur le plat, à marcher à peu près correctement en montée mais la moindre descente, le moindre trou est une souffrance et me provoque une décharge dans les cuisses.
A la sortie du village je suis pendant un instant une blonde à queue de cheval qui n’a pas l’air mieux que moi, ce qui me permet de retenir son prénom (très spécifique) au passage. Elle s’arrête brutalement et je la double à pleine vitesse. Je me retourne pour vous si elle va bien et je la vois monter dans une voiture. Je peux certifier qu’elle ne m’a pas doublé ensuite sur le parcours et pourtant, à l’arrivée, elle est classée devant moi. No comment…
J’ai la nausée, des vertiges et je m’arrête pour vomir tout le contenu de mon estomac. Je me sens tout de suite mieux mais je m’assois un peu pour me reposer. Mauvaise idée : quand je veux me relever, impossible et je serais resté mourir sur place si une âme charitable ne m’avait pas aidé à me relever. Je vais mettre 45 minutes pour faire moins de 3 km en descente et je vais me faire doubler par des dizaines de coureurs. Rageant… Ma femme et mon fils (que j’ai appelé pour les rassurer sur mon retard) viennent m’attendre un peu avant l’arrivée, au somme d’une côte. Ma femme me soutient sur les derniers 500m qui sont une descente abrupte de 15%. Sans elle, je pense que j’aurais dû descendre en roulant. Je tiens à finir seul en trottinant sur les derniers 200m de plat sur les remparts. Dommage qu’un hurluberlu ait décidé de rester collé devant la caméra d’arrivée pour faire le beau, sinon j’aurais pu vous montrer que je faisais illusion à l’arrivée.
Je finis la course en 18h33, 27 minutes en dessous de mon objectif. J’ai donc perdu 1h15 de mon avance sur les 7,8 derniers kilomètres (les 4 derniers en fait). La plus grande déconfiture physique de ma carrière. 🙂
L’après-course
Le lendemain, mes cuisses ne fonctionnent plus du tout. Nous visitons Colmar en famille mais chaque descente de trottoir est une souffrance. Le matin au petit-déjeuner il y a tout de même pire : une jeune fille s’est cassé le bras et foulé la cheville sur la course.
Le surlendemain, cela allait déjà mieux (pour moi). Par contre mon tendon d’Achille était dans un sale état, brûlé par le baume du Tigre comme expliqué plus haut :
et j’ai dû arrêter de m’entraîner deux semaines pour le laisser cicatriser.
La course
Voici ma trace GPX :
[sgpx gpx= »/wp-content/uploads/gpx/Ultratrail des Païens.gpx »]
Très roulant sur la première moitié avec trop de goudron, plus difficile (mais plus « trail ») sur la seconde moitié. Comme expliqué avant, le parcours est un peu répétitif mais chouette quand même, j’ai bien aimé et le temps est vite passé. Certains coureurs reprochaient aux ravitaillements d’être trop espacés sur la seconde partie. Peut-être auraient-ils voulu des ascenseurs et des tapis roulants ? Faire un ultra, c’est aussi savoir gérer son ravitaillement et être en semi-autonomie.
C’est une course que je recommande sans hésiter pour boucler un premier 100 km ou en préparation d’une course de même distance mais plus vallonnée.
Côté organisation, j’ai un reproche énorme : ne pas avoir fait les contrôles au sommet des côtes (sauf au château du Spesbourg et au Mont Sainte-Odile) mais uniquement (par facilité ou par économie) aux ravitaillements. Je pense qu’il y a eu beaucoup de tricheurs, le parcours s’y prêtait très bien. J’ai au moins 2 cas très suspects et une certitude. Si briller au café devant leurs collègues suffit à leur bonheur et qu’ils (elles) sont prêt(e)s à tricher pour ça, grand bien leur fasse. L’esprit trail ?
Autre reproche : le matériel obligatoire. Pas contrôlé au retrait des dossards, ni pendant la course, peut être surdimensionné par rapport à la difficulté de la course. Beaucoup de coureurs avaient visiblement décidé de s’asseoir dessus au vu de la taille de leur sac. De la triche pour moi. L’esprit trail encore ?
Pour le reste, organisation sans faille mais un petit peu sans âme. J’aurais aimé un peu plus de couleur locale aux ravitaillements (flammeküche par exemple).
Conclusion
Malgré ma déconfiture de fin de course, je suis très satisfait de ma performance. Je finis à la fin du 2ème tiers du classement et si je n’avais pas eu mes problèmes gastriques, j’aurais probablement fini à la fin du premier tiers. Je pense que mes problèmes viennent d’avoir carburé à l’eau gazeuse (mon ventre ressemblait à un ballon en fin de course), d’avoir trop mangé et trop vite au ravitaillement de Kligenthal. Quant au gel à la caféine, de la m… chimique qui m’a retourné l’estomac.
J’ai couru en Hoka Tecton X et elles sont géniales : confortables, dynamiques, un vrai plaisir. Je leur reproche juste un petit manque de stabilité, je préfère les Speedgoat 5 pour les terrains très techniques type Échappée Belle.
Moralement, dès l’arrivée de la nuit, j’ai senti un ennui profond, l’absence totale de plaisir et juste l’envie d’en terminer. J’ai longtemps réfléchi sur le parcours (à un moment où je me sentais encore bien) et j’ai décidé de revenir à ma décision post-CCC : ne plus m’aligner sur des ultras de plus de 80km. J’ai beaucoup de mal à assumer l’entraînement nécessaire pour ce type de course, tant au niveau physique (je vieillis, 54 ans cette année) que mentale (aller courir est souvent une contrainte plutôt qu’un plaisir ces derniers temps). A l’heure où j’écris, j’ai déclaré forfait pour l’UTPMA suite à ma blessure au tendon d’Achille et l’Echappée Belle Intégrale est fortement compromise puisque je n’arrive pas à m’entraîner régulièrement depuis.
Je ne programme rien pour la fin d’année, je vais laisser passer les mois d’été tranquillement et je ferai le point à l’automne, si l’envie revient.
2.12.0.0